Aujourd’hui, nous vous présentons “Un choix malgré tout” de Gabriel Chantelauze !
Originaire de la région d’Ambert (63) et passionné par la diversité des dialectes de langue d’Oc, Gabriel Chantelauze, milite activement au sein de l’Institut d’Etudes Occitanes où il effectue du collectage et de la production audiovisuelle. Son roman, “Un choix malgré tout” participe de cette volonté de transmettre un peu de cette culture qui s’étiole, mais aussi de raconter le pourquoi et le comment d’une rupture profonde dans les modes de vie de la population rurale auvergnate.
A travers l’histoire d’Antoine Sagnes, c’est le tableau de moeurs d’une époque qu’il nous dresse. Ce dernier est un paysan de moyenne montagne de l’Auvergne du levant, qui a voulu rester à la terre et poursuivre l’exploitation familiale. Mais pour cela, très vite, il lui faut se plier aux exigences des règles européennes dictées par les industriels de l’agro-alimentaire. Tout au long du récit, qui couvre la période s’étendant des années 60 à nos jours, l’auteur nous relate les efforts d’Antoine Sagnes pour se couler dans le moule et se conformer aux orientations qu’on lui impose… Cela dans l’espoir de devenir, à terme, l’un de ces “agro-managers” dont on nourrit ses rêves. Une mutation qui exige d’abandonner la polyculture et d’étendre sa surface agricole, de se lancer dans une course à la mécanisation à outrance, avec en parallèle un travail en usine pour financer l’investissement… Ce qui génère une montée de l’individualisme, la disparition du système d’entraide traditionnelle, et une solitude qu’Antoine Sagnes décide de compenser en important une compagne depuis l’île de la Réunion. Puis viennent le recours aux hormones, la vente à l’exportation des veaux de trois semaines, et l’utilisation de farines animales qui aboutira à la crise de “la vache folle”. Un rêve de réussite qui tourne au cauchemar, à tel point qu’il ne sait plus très bien si le prix en a valu la chandelle et si la fin en justifiait les moyens.
Un roman d’un réalisme cru qui frise le documentaire par bien des aspects, et qui semble d’autant plus vrai que l’auteur, respectueux du parler occitan de la région d’Ambert, a su glisser dans son texte un phrasé vernaculaire, ainsi que des mots et des échanges en langue d’Oc… Un roman qui raconte un pan de l’histoire contemporaine régionale, et qui interroge sur la pertinence d’un développement agricole qui semble emprunter une voie autoroutière en cul de sac.
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